L'eau

Les territoires de montagne sont le principal fournisseur et réservoir d’eau douce de la planète.

L’accès à l’eau potable dans le monde est un des marqueurs les plus nets du clivage entre populations riches et pauvres. Cette réalité conditionne souvent l’accès à d’autres domaines tout aussi importants : réseaux sanitaires, alimentation, électricité, premiers soins, éducation.

Ce marqueur est d’autant plus clivant que le système d’approvisionnement de l’eau potable que nous connaissons, en Europe notamment, et qui est en soi un critère reconnu de développement, est aussi un moyen pour faire baisser le coût de l’eau grâce à la mutualisation du service pour l’ensemble de la collectivité.
Les personnes n’ayant pas accès à une eau potable de qualité chez elles sont doublement pénalisées. Elles dépensent plus pour se fournir en eau potable, pour compenser la logistique nécessaire à l’approvisionnement de ces zones périphériques en accord et parfois en marge de structures étatiques trop souvent inopérantes. Or, ces populations sont, elles aussi, soumises d’une part au stress hydrique résultant du réchauffement climatique qui impacte la quantité d’eau des réservoirs naturels. D’autre part, elles peuvent aussi se retrouver repoussées hors des zones de bassin versant par les autorités, ou repoussées à l’extérieur des grandes villes hors des points d’accès aux sources ou aux réseaux municipaux d’eau potable. Leurs territoires font pourtant l’objet d’un véritable hold-up institutionnalisé par de grands groupes d’inspiration purement capitalistique et spéculative de la part de sociétés, voire d’organisations de portée planétaire. Barrages hydroélectriques totalement illégitimes, exploitations non licites de ressources premières (pétrole, minerai, ressources agricoles, forêts) exclusivement accaparées et transformées afin d’être vendues, au déni de toute reconnaissance de la réalité des Hommes et des territoires en présence, à des clients extérieurs. C’est un formidable détournement de fonds et de biens naturels.

Le cas concret des Andes équatoriales 
et de Lima (Pérou)

L’APMM a commencé à se projeter sur la région des Andes équatoriales où elle a des contacts historiques. Cet espace, représentatif des territoires de montagne périphériques aux États, possède des populations enclavées ou en périphérie des grands centres.

Ces dernières sont appauvries par leur situation géographique et ne représentent pas une priorité au niveau national.

L’agriculture devenue source de tension dans le partage de l’eau

L’occupation des sols dans la région se fait majoritairement par des exploitations de type familial, de taille réduite, de 0,1 ha à 10 ha, et de 1 ha en moyenne. 

Ces exploitations sont les plus touchées par plusieurs facteurs :
– la perte des fonctions régulatrices de l’eau du páramo résultant de la diminution de sa surface suite à l’avancée du front pionner actif et à sa surexploitation,
– la faible efficience hydrologique de l’irrigation due à une infrastructure défaillante, à des techniques inappropriées d’application de l’eau dans les parcelles et à une distribution inéquitable et inadaptée avec des tours d’eau trop longs et des débits trop forts,
– la pollution domestique et industrielle de l’eau et l’érosion des terres agricoles,
– l’action inefficace des institutions pour résoudre les problèmes et organiser la gestion de l’eau.

L’ensemble de ces contraintes pèse lourdement sur cet espace de moyenne ou de haute montagne, représentatif des zones montagnardes de l’ensemble du globe. Le travail du sol permet pourtant à ces populations d’atteindre l’autosuffisance économique tout en étant le moyen de nourrir la communauté sans recourir à la charité nationale ou internationale.

L’eau potable, encore difficile d’accès pour toutes les familles

Mais l’eau devient rare à cause de la fonte de ses glaciers et est inégalement répartie dans le pays. C’est pour cela qu’aujourd’hui six millions de Péruviens n’ont toujours pas accès à l’eau potable. Ils doivent donc acheter l’eau, très chère, amenée par des camions citernes ou utiliser l’eau des ruisseaux non traitée qui cause de nombreuses maladies. Et pour répondre à ce problème, le gouvernement tend à privilégier la côte et Lima au détriment des zones de moyenne et haute montagne.

Mais cela touche aussi les populations pauvres de l’ensemble du pays : « Le pire est que les gens des quartiers pauvres de Lima payent l’eau beaucoup plus chère que les habitants des zones riches », indique Abel Cruz, qui préside depuis 2005 le mouvement des « sans-eau », une association qui se bat pour les Péruviens prives d’accès a l’eau potable.

Les populations pauvres payent six fois plus cher pour une eau dont ils ne sont même pas sûrs de la qualité. En effet les propriétaires de certains camions prélèvent l’eau de nappes polluées du sous-sol, au lieu de se fournir auprès de Sedapal, l’entreprise publique chargée de traiter les eaux de Lima, comme la loi leur en fait obligation.

Coopération entre territoires de Montagne

L’APMM veut favoriser la coopération décentralisée entre les territoires de montagne afin de développer des échanges d’initiatives et de savoir-faire : gestion de l’eau et des ressources naturelles, transports, tourisme.

Coopération avec les Corses et les Territoires d’Outre-Mer

Pour la 1ère fois en France, une majorité régionaliste a gagné les élections en Corse et se trouve en situation de gestion. Les élections législatives les ont aussi dotés de 3 Députés de la même sensibilité (Inseme per a Corsica). Faisant face à de grandes difficultés relationnelles avec le gouvernement pour la mise en place de leurs projets, ils cherchent des facilitateurs et acteurs dans la gestion des conflits, plus particulièrement en montagne. L’initiative APMM les intéresse. Outre le bénéfice réciproque que nous pourrions tirer d’un partenariat, nous avons de nombreux points à marquer en matière de notoriété et de reconnaissance extérieure vitale.

L’abandon des territoires et notamment des territoires de montagne en France et en Europe par les pouvoirs publics est devenu totalement dramatique. Il s’accompagne ou a été précédé par un affaissement historique de la représentation politique des montagnards sur l’ensemble du continent (et bien au-delà !…).

Or, pour avoir une chance de « revenir », l’Homme a précisément besoin de retrouver non seulement de l’espace mais aussi des valeurs et un pouvoir politique. La montagne de par ses handicaps mais aussi de par sa faculté de frapper les consciences peut avoir un rôle enfin dévolu à sa dimension. Il est urgent de s’en saisir. L’APMM, la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme (FPH), l’Institution Patrimoniale du Haut–Béarn (IPHB), peuvent constituer les vecteurs capables d’initier, d’accompagner et d’essaimer les mouvements. Dès lors, nous l’avons déjà bien vu à travers l’immensité des territoires, les alliés et les atouts ne manqueront pas.

Quant aux territoires ultra-marins, ils sont littéralement à l’agonie, abandonnés par les mêmes autorités françaises. Leurs Députés ne se font plus d’illusions et n’entretiennent plus d’espoir vis à vis de la France métropolitaine. L’APMM peut et doit également retrouver une place auprès de ces populations, de leurs élus dont le destin ne semble plus faire partie des préoccupations de notre pays.

Label Montagne

L’APMM travaille à l’élaboration d’un label international des produits de montagne, permettant de qualifier tous les types de productions de biens et de services des régions de montagne du monde, dans le double but d’améliorer l’économie de ces régions et de valoriser leur culture. Ce label mondial « produits des montagnards du monde » sera proposé comme une « marque ombrelle » pour des labels plus spécifiques à telle région de montagne et/ou tel produit de montagne. Son élaboration se fera dans le cadre d’un large partenariat avec les organisations internationales existantes et avec les représentations nationales et régionales de l’APMM qui seront les initiateurs de la démarche.

La mise en place

Lors de sa réunion des 4 et 5 septembre 2003 à Ispoure (France) le Bureau plénier de l’APMM a décidé « de réfléchir à la mise en place d’un label international pour la montagne  » concernant les diverses productions des zones de montagne (artisanat, agriculture, tourisme,.) qu’elles soient immatérielles (services .) ou matérielles (objets, constructions, .). (cf. point 4 du programme d’action 2003-2004). A cet effet, un groupe de travail a été réuni et a commencé à élaborer les éléments principaux du cahier des charges d’un tel label et à imaginer des conditions de mise en oeuvre.

Contexte

Lors de son bureau d’Ispoure (Septembre 2003), l’APMM se proposait comme objectif de mettre en place un label international pour les produits de montagne, susceptible de qualifier tous types de productions issues des régions de montagne du monde, dans le double but d’améliorer l’économie de ces régions et de valoriser leur culture.

Un groupe de travail de l’APMM approfondissait le projet et élaborait un « document d’orientation » et les modalités concrètes de mise en œuvre, en application de la « charte des populations des montagnes du monde », les valeurs communes des modes de vie des populations montagnardes constituant le fondement du label.

Ce label mondial « produits des montagnards du monde » pourrait être une « marque ombrelle » pour des labels plus spécifiques à telle région de montagne et/ou tel produit de montagne. Son élaboration se ferait dans le cadre d’un large partenariat avec les organisations internationales existantes et avec les APMM nationales et régionales qui seraient les premiers maîtres d’œuvre du projet.

Cette démarche prendrait en compte les labels existants et projetés (qui ne concernent que certains produits et/ou certaines régions) et dont il s’agit de dresser un bilan.

Ce projet a été présenté à divers organismes membres du partenariat international pour la montagne (www.partenariatmontagne.org), animé par la FAO, qui en ont reconnu l’intérêt.

Le bureau de l’APMM tenu à Turin en décembre 2004 a permis de confirmer l’accord des responsables de l’association sur ce projet, mais a montré la nécessité de mettre en place des moyens spécifiques pour le mettre en œuvre.

Ce projet de labellisation complète utilement d’autres démarches poursuivies par l’APMM, notamment celle d’établir un état des lois et règlements spécifiques à la montagne dans les différents pays du monde.

But de la démarche

Le but de la démarche est donc de définir de façon partenariale, le contenu, les conditions de la mise en place, la gestion et la promotion d’une labellisation internationale des produits de montagne, intégrant les labels actuels ou projetés, dans le but de développer l’économie de montagne tout en valorisant les cultures montagnardes.

Contenu du projet détude et d’animation

Le projet sera mené avec l’aide de consultants spécialisés au niveau de 8 régions de montagne du monde : Himalaya, Andes, Amérique du Nord, Europe, Méditerranée, Asie du Sud Est, Japon, Afrique, représentées au sein de l’APMM. Une coordination sera mise en place au niveau mondial.

Pour chaque région de montagne, un bilan des labellisations existantes (et un état des projets) concernant la montagne sera effectué : nature des labels, mode de gestion, résultats.
Puis le consultant devra établir un état des attentes des populations montagnardes de la région quant au projet de labellisation APMM, à coordonner avec les perspectives de marché.
Enfin, il pourra établir, par région, des propositions de label « régional » : contenu, conditions dé certification, de contrôle, de promotion, d’animation auprès des populations montagnardes.

Au niveau mondial, un consultant coordonnera, animera, (relancera éventuellement) les démarches régionales et les alimentera en faisant circuler l’information. Il établira ensuite les caractéristiques de la marque « ombrelle », les conditions de sa certification, de son contrôle, de sa reconnaissance et de sa promotion au niveau mondial.

Pilotage du projet / partenariat

  • L’association APMM est maître d’ouvrage de l’étude. Un groupe de pilotage « labellisation » sera constitué au sein de l’APMM, qui comprendra un représentant spécifique des 8 régions montagnardes et auquel seront associés les partenariats internationaux concernés
  • Des groupes de pilotage locaux seront constitués par les APMM régionales dans le même esprit
  • Un appel d’offre sera lancé pour l’APMM pour le recrutement de l’équipe de consultants